Le conte du cochon vert :

 

Le compte?

 

Le comte!

 

 

 

 

 

 

 

 

Présentation au Bureau d'audiences publiques sur l'environnement

 

Consultation publique sur le développement durable de la production porcine au Québec

 

 

 

 

 

 

Par monsieur Jocelyn « La Kouenne » Beaulieu

 

Le 2 mars 2003.

 

 

 

 

 

 

 

Introduction

 

 

 

Détenteur d'une orthodoxie bien trop subtile pour être comprise, Porcus Kanadiensis délégua La Kouenne pour le représenter au Jardin du Gouverneur afin de recevoir du ministre le BAPE sur le développement durable de la production porcine.

 

 

 

De port en porc, un long voyage attendait le cochon vert. Avec la disparition des jardins des citées-états d'ancien Orient, d'un monde civilisé à grande muraille en ville à tour d'ivoire pour ne plus rien voir qu'un smog glacial et les hommages d'habitants de pays d'oxygène neuf comme font foi les rouges salmonidés dans cette eau froide protégée par tant d'arbres et de cascades à en perdre le souffle. Trop peu de trompette dans villes gourmandes lorsque la terre est perdante à la Bourse ou la vie…. À l'eau!

 

 

 

Sauverons-nous la terre des aieux pour retourner pêcher la truite avec eux dans des ruisseaux redevenus les parcs de notre enfance? Beaucoup d ‘arbres replantés en bandes réparatrices de ces cicatrices par haie brise-vent en zones renaturalisées remplie d'essences différentes comme ville multiculturelle dans village global. Aussi multiples seront les sources de la terre. Abreuvez-vous à chacune d'elles toute votre vie en vous rafraîchissant sous la culture pop : les peuples liés de la terre, ces haies de peupliers d'avant-garde entourant les nouvelles clairières fournissant couvert de pouponnière à plus noble essence et bien du bois raméal en feuilles pour coup de feu au compost de lisier bien assoiffé de bio-masse-média.

 

 

 

Et la masse du peuple parle porcherie verte comme moteur et locomotive du devenir rural viable en créant bien des commotions dans la république du cochon vert. Faut du groin! Et on carbure à en perdre la couche d'ozone. Quel climat de nervosité : la tension est vive, palpable. Quel avenir? Quelle survivance? Quelle dépendance? L'or noir après avoir fait la révolution industrielle fera-t-elle la révolution techno en donnant son nom à ce grand oublié : l'humus? Sans perte d'énergie, la différence est dans les « soues ».

 

La problématique

 

Présentons donc quelques références exposées dans le cadre des tournées régionales des audiences publiques pour brosser un portrait de la problématique des fermes porcines et des conséquences que cela engendre.

 

Dans le cadre de la dimension économique, la vitalité de l'industrie nous apparaît évidente, très active et bien portante. Parti d'une production extensive vers une production intensive à haute productivité faisant appel à énormément d'intrants, donc excessivement dépendantes et énergivores, elles se retrouvent polluante pour son environnement. Les 7 millions et demi de porcs que nous produisons nous laissent près de 20 millions de tonnes de lisiers représentant des surcharges d'élément fertilisant atteignant 243 % de la quantité requise d'engrais. Les périls qu'expose ainsi le développement actuel pour les humains, les animaux, les sols, les végétaux et les réseaux hydriques n'est même pas chiffrable tellement les études sont absentes sur ces dangers. Ces périls économiques sont engendrés par son propre succès car la rentabilité a courte vue ne permet aucune longue vue face aux dangers qui nous guettent.

 

 

Cette problématique a engendré un impact social extraordinaire au point de provoquer une véritable crise sociale suite à un ensemble de lois et de prérogatives accordées aux producteurs agricoles contre toute démocratie. Les citoyens subissent impuissants le viol de leur qualité de vie et même l'avenir des communautés est en péril suite a la rupture d'un pacte social qui a volé en éclat lorsque les conflits d'usage sont apparus pétants. Lorsque l'air devient irrespirable, l'eau imbuvable et que tout usage récréo-touristique disparaissent des campagnes, tous se tournent vers les impacts sur la santé des citoyens, des employés, des agriculteurs et des consommateurs.

 

Les conséquences sur la santé de la contamination de l'eau et de l'air ont déjà causé mort d'homme et de nombreuses espèces animales. Même celle que l'on veut produire nécessite des contrôles sanitaires de quarantaine avec toujours plus de médication, de facteurs de croissance et d'antibiotique dont le transfert de résistance des bactéries animales aux bactéries humaines est déjà fort documenté. Et que dire de l'usage des farines carnées contrairement au principe de précaution comme l'a démontré la crise de la vache folle et du mouton fou. Et le bonheur de vivre en cage toute sa vie!

 

L'impact environnemental a vraiment causé urgence en la demeure. Si le nez des ruraux et des visiteurs fut rudement mis à l'épreuve, c'est surtout par le mode de gestion liquide des fumiers. Le lisier représente le problème majeur du modèle actuel car sa fermentation en aérobie dégage de forte odeur amoniacale, donc des pertes élevées a 30% en azote. Sous forme liquide très assimilable, le phosphore et l'azote peuvent facilement se lessiver dans la nappe phréatique où il entraîne la formation de nitrate cancérigène et, d'algues dans les cours d'eau sans oublier les jonquilles qui font mourir la vie aquatique. Cette surcharge en éléments polluants incluant les résidus chimiques des pesticides ainsi que bactériologiques produiraient même des grenouilles a 5 pattes ! Sans nourrir les sols mais surtout d'immenses monocultures de mais au détriment de la vie microbienne du sol et de tous ses laboureurs lilliputiens que l'on asphyxie, il conduit à un cul de sac environnemental et agronomique pour tous les sols sans oublier l'hypothèque de l'avenir que nous allons léguer encore aux générations futures. Le nouveau R .E.A nous est tombé sur la tête comme la cerise avec le sundae : nous avons 1m de distance séparatrice pour les fossés agricoles et 3m pour le reste! De plus, l'indice choisi pour le contrôle fut le taux de phosphore encore peu fiable : les tests démontrent des écarts de 23% entre les analyses. Et le seul outil de mesure retenu est le plan de fertilisation ferme par ferme « PAEF ». Il nous dit de plus que les fermes en surplus ont jusqu'en 2008 pour équilibrer la surcharge phosphore. Nous retenons surtout que l'élevage sur lisier est toujours cautionné malgré ses effets néfastes et qu'on ne propose aucune amélioration.

 

Si l'objectif était que ca aille mieux, c'est raté. Mon objectif, c'est d'assurer un développement viable et durable de l'agriculture et dans le cadre de votre commission pour les fermes porcines du Québec.

La stratégie

 

L'esprit global qui imprègne ma démarche pour qu'elle réussisse réside dans la « soue » : hors de la « soue », point de salut! Il y aura développement durable par des porcheries vertes. Celle-ci me fut inspiré dès mon jeune âge par mon grand-père. Arthur Proulx utilisait un petit chariot sur rail suspendu au plafond pour écurer le fumier et le disposait dans une remise couverte et bétonnée pour protéger ce qu'il m'enseigna comme étant l'or noir d'un habitant. Et il était reconnu comme un des meilleurs. Il existait donc depuis longtemps une saine gestion des fumiers sur absorbant.

 

Cela me permet de présenter comme plus avantageuses les porcheries sur litière mince ou sur litière épaisse : ces technologies sont déjà fort bien documentées. Ajoutons seulement que l'usage de phosphate naturel et de poudre de basalt sont reconnus pour absorber les mauvaises odeurs, et, l'augmentation des bactéries nitrificatrices qui transforment l'azote ammoniacale en azote organique est 10 fois supérieure.

 

Nul doute qu'un « digesteur » dans la filière technologique permettant le compostage des lisiers enrichis de matières ligneuses provenant du bois raméal en feuilles des véritables haies brise-vent faites sous pouponnière de peupliers fournirait l'or noir « humus » et l'énergie du biogaz pour diminuer les coûts de cet investissement.

 

Cet ensemble arboricole récupérerait les poumons perdus lors de la déforestation des derniers boisés, de créer l'effet de clairière et de permettre un nouveau paysagement des campagnes. Il nous permettrait aussi d'intégrer des bassins de sédimentation pour recueillir l'érosion et des marais nettoyants permettant de filtrer les eaux de drainage et de ruissellement pour favoriser la régénération de la vie aquatique et de ses usages récréo-touristiques.

 

De présenter d'autres possibilités non explorées lors des 50 dernières années serait de considérer sérieusement les autres méthodes de production dont souvent nous nous inspirons sans jamais les reconnaître. L'approche écosystémique qui intègre toutes les dimensions de la recherche pour avoir un portrait plus complet permet de privilégier un modèle interdisciplinaire. En environnement, la somme des savoirs est plus grande que chaque connaissance prise isolément. Il est enrichissant de respecter le savoir des autres et d'établir des liens pour permettre une vision globale : c'est la nature des sols qui exige qu'on les comprenne. Étudier ces comportement pour connaître ces besoins auxquels en bon père de famille nous devons subvenir.

 

Il est donc indéniable que l'étude est et sera encore nécessaire à notre évolution. L'éducation, la formation et l'information rétabliront le sentiment de confiance. Pour les maisons d'enseignement, l'opportunité d'organisation ouverte aux organismes extérieurs permettra la diffusion d'une connaissance encore plus élargie. Par exemple, pour les organismes d'état ou du milieu, cette ouverture doit déborder celle timidement offerte au biologique.

 

L'approche du couvert flottant et de l'aération du lisier comme traitement aérobique mérite tous nos effort pour être reconnu parce que moins polluant, plus économique et améliorant le plus la valeur fertilisante. La vision microbiologique nous permet de réaliser la richesse de la mousse de tourbe comme source trophique pour les bactéries permettant d'équilibrer le Ph et de fixer les fertilisants sous forme organique, plus stable et plus assimilable dans la vie du sol. Nous devons privilégier immédiatement cette approche pour jouir de petits pas.

 

L'éthique et la morale concernent toutes nos activités humaines : nous sommes dignes de percer sur tous les flancs. N'oublions pas les petits pas avec la nature. C'est en philosophe des veillées d'armes que je vous invite au pas cadencé. Au pas camarade, au pas, au pas, au pas!

 

  1. La mise en valeurs par l'aménagement d'une structure contraignante de gestion de l'eau par bassin versant

 

 

  1. Des normes plus réalistes de protection des bandes riveraines et des véritables haies brise-vent

 

 

  1. Exiger de toute nouvelle entreprise la gestion des fumiers solides sur litière

 

 

  1. Établissement d'un programme d'assainissement des élevages sur fumier liquide, en favorisant l'usage du couvercle flottant

 

 

  1. Imposer une limite à la taille des élevages et à leur concentration comme la densité animale à l'hectare pour privilégier des modèles plus respectueux des communautés, de l'environnement des sols et de l'eau

 

 

  1. Le bien-être animal et la sécurité de l'alimentation animale doit obéir a un cahier de charge respectueux de la santé animale et humaine

 

 

  1. Supprimer les programmes d'aide par unité produite pour favoriser une modulation par rapport aux pratiques de la ferme et de son impact dans le milieu

 

 

  1. Redonner la possibilité aux citoyens et à leur municipalité de s'assurer qu'une activité ne compromette pas les autres ainsi que la cohabitation de tous dans le milieu

 

 

  1. Restaurer la protection juridique et politique par la création du ministère des ressources renouvelables : agriculture, pêche, forêt et environnement

 

 

 

Nos désirs, nos convergences et notre solidarité nous amènent vers une entente stratégique : celles des porcheries vertes qui donnent l'or noir.

 

Ces gains en ressources renouvelables nous apportent de multiples avantages économiques et écologiques : l'effet de clairière produites par les haies et ses qualités de paysagement, par la dépollution aquatique et des nappes phréatiques, la fertilité des sols et la paix des citoyens.

 

De la science à la conscience, de l'économie à l'écologie, la solution passe par le dialogue, la découverte et l'affirmation de valeurs communes.

 

Je me joins a monsieur Jacques Dufresne lorsqu'il souhaitait que la Commission ait le sens du lointain, de flairer les tendances.

 

C'est l'occasion privilégiée pour « le cochon vert » d'offrir ses services a la communauté d'East Hereford et a son producteur de porcs odorants pour démontrer la méthode du couvercle flottant et trouver le financement nécessaire par cette tribune

 

Ainsi l'agriculture redeviendra noble pour celui qui en vit et pour qui s'en nourrit

 

Ah oui, mon grand-père m'enseigna que le cochon paye les hypothèques!

 

CONCORDIA SALUT

 

 

Jocelyn « La Kouenne » Beaulieu